mercredi 31 mars 2021

SA MER !


Il ferme les yeux
Pour se libérer
Des étouffants murs
Pour retrouver sa mer
Et ses dansants horizons
Qui accourent l’accueillir
En clins de complices phares
Et chaudes étreintes parfumées
D’impatientes fleurs
Brillant de toute leur rosée
©Mokhtar El Amraoui
Le 1er octobre 2020
Illustration du Net

DEMAIN N'EXISTERA PLUS DEMAIN !


Notre concept temporel demain
N’existera plus demain
Dans l’intemporel bassin des vibrations
En éternelles pulsations commandées
Par l’Aseptisé-e suprême de l’ère grise
Plus de linéarité crieront les "sitoyens"
Des sites invisibles invincibles repus
De nanofragments d’existence rechargeables
Pour les algorithmes des conductions
Interastrales qui les alimenteront
Quelques visites hypersurveillées
De ce qui s’appellera LIVE
Livre d’Images Vite Effaçables
Seront implantées en capsules
Qui détecteront toute larme
Tout retour attendri à la fleur
Toute admiration de mer ou de nuage
Ils seront signalés comme outrage
Au conseil supérieur de l’Impassible
Qui veille à l’eugénisme lisse des distances
© Mokhtar El Amraoui in "Nouveaux poèmes"




LA VIEILLE ET LE VIEUX ABANDONNÉS



Tous quittent la vieille et le vieux :
Leurs enfants,
Leurs parents,
Leurs amis !
Personne ne les comprend plus,
Quand ils sourient !
Plus personne ne les prend
Au sérieux
Ni dans ses bras
Qui disent tout bas
« Bientôt, bon débarras, horribles vieillots !
Pourvu que ce soit le plus tôt ! »
On pense que c’est une grimace
De limace endolorie,
Quand ces deux malheureux rient !
S’ils appellent,
Pour aller aux nouvelles,
Le téléphone sonne
Mais pour seule réponse effroyable,
Ils reçoivent, interminable,
Le silence qui résonne !
Ça étonne tant d’impitoyables
Cyniques personnes
Que ces lambeaux
Sans flambeaux
Se rappellent encore
Les noms et les numéros !
Tout quitte les deux misérables :
Leur force,
Leurs corps !
Les ports de leurs vieux rêves
Et les bateaux sans trêve
Larguent, narguent
De leurs hautaines sirènes
Ceux qui furent du foyer le roi et la reine
Les abandonnant tout frissonnants sans radeau
Sur les quais trembleurs des froids échos
Sous l’écrasant fardeau des ans et tant de peine
Mais pourquoi donc toute cette haine ?
Les avions, les voyages
Et les aéroports d’un autre âge,
D’avant leur naufrage,
Les quittent, leur tournant le cap
Pour d’autres altitudes,
Vers d’autres latitudes torrides,
Les laissant froids froissés sombrer
Dans la lourde fatigue qui sape
Et les interrogations hébétées
De leurs tristes rides !
Et la mort,
En prédateur des dernières heures,
Agitant ses cercueils et linceuls,
Les sachant seuls,
Les invite à franchir son seuil
Pour qu'elle les cueille
Et jette dans sa fosse à vers voraces
Comme des feuilles sèches et lasses!
Les lourds nuages attristés
Par tant d’ingratitude
Les regardant éplorés
Dans leur tragique solitude
Crachent leurs colère et mépris
Sur ces lâches traîtres maudits
Ces prétendus enfants, parents et amis
Qui cachent sous le miel
De leurs comédies
En d’horribles monstres sans cœurs
Leur joie et l’amer fiel
De leurs mesquineries
Face à tant de douleurs !
Inconsolables, les nuées
Offrent leurs incessants pleurs
A cette vieille et ce vieux dénués
Qui, désespérés, lentement se meurent.
©Mokhtar El Amraoui in «Nouveaux poèmes»
Photographie du Net

lundi 29 mars 2021

Dédales sourds


Les fibres des heures tissent
les livres des jours
S’envolent en étincelles
les sillons rêveurs des labours
S’ouvrent aux cris les dédales sourds
et de nouvelles portes invitent les bras lourds
de tant de désespoirs à s’envoler
telles des ailes fleurissant d’amour !
© Mokhtar El Amraoui in "Dans le tumulte du labyrinthe"



L’oiseau crucifié

Ils éteignirent les dernières bougies

Et écoutèrent
Se dire la lune.
Elle voulut leur apprendre
L’éclosion d’une lumière,
Le chant en retour de dunes ensanglantées
Et le cri luisant d’un oiseau crucifié,
Dans les distances des pas nocturnes
Que dévorent les jours,
En haillons de nuits.
© Mokhtar El Amraoui in "Le souffle des ressacs"
Tableau de Pablo Picasso



Soifrissons


Tels les frissons d’une eau réveillée
Cet impatient tremblement d’ailes
Charrie les cieux de sa source
Vers tant d’horizons assoiffés
© Mokhtr El Amraoui Le 18 octobre 2020




ICI


Ici,
Toujours ailleurs !
Dans le nid de tes voix,
Comme tes lèvres en poisson,
Sur la lame de l’horizon
Et le soupir d’un arbre
Aux ombres fruits.
Ils sourient à l’hirondelle
Qui danse dans tes clins d’oeil !
© Mokhtar El Amraoui in "Dans le souffle des ressacs"