dimanche 28 février 2021

LE POLITICIEN ET LE TAILLEUR


De fil en aiguille
Le seul point commun
Du politicien avec ton tailleur
C’est la prise des mesures
Puis en cynique coquin
il se taille te laissant
Plus déshabillé sans nul essayage
Tu peux toujours te plaindre aux nues
Ou à l’ONU à tout âge pour outrage
Tu te retrouveras toujours
En nage dans ton naufrage
Sous le dé comme d’habitude pipé
Entouré de mille et un ciseaux
Retirant éreinté oiseau
Déplumé ton épingle du jeu
Tout seul sans issue tout heureux
D’avoir encore des os sur ton corps
Toute ta peau pour seul tissu
A plate couture battu abattu
Dans de jolis draps
Te couvrant contre le froid
Par le silence des voix
Des pétitions de solidarité
Vite oubliée rapidement zappée
T’imaginant pour te consoler
Avoir juste été pique-niquer
Tout piqué tout embobiné
L’autre moitié étant tout autant risquée
Bien allégé de tes paquets
Après qu’il t’a tout piqué
Rêvant te tâtant au piquet
De devenir hérisson ou oursin
Pour le piquer comme un saint
Espérant trouver au moins dans ton désert
Sans dessert de l’eau du pain et de l’air
Mesurant en bon tailleur
Toutes les dimensions de ta misère
Maudissant le politicien
Qui n’est jamais là mais partout ailleurs
Avec de grands airs fiers de fort
Te laissant crever comme un chien
Ce qu’il ignore et ce n’est pas son moindre tort
C’est que tu lui prépares une belle colère
©Mokhtar El Amraoui in « Nouveaux poèmes »



NEIGES

 

La fée neige rend merveilleux
Tout ce qu’elle recouvre
Elle lui offre une apesanteur tout en plumes
Elle réenfante le monde
Comme le doux coton enchanté
D’une légère berceuse maternelle
Chantant le lait d’une blancheur
De début en nouvelles pages
Etincelants cristaux d’étoiles calligraphiant
D’invisibles riantes lettres à deviner
Mais la neige est aussi
Lourd linceul pour ceux
Qui n’ont pas de logis
Qui n’ont que leurs yeux
Pour voir effrayés tout ce blanc ciel
Leur tomber dessus comme glaives
Les enterrant rêvant d’un âtre
Les laissant figés dans leur désastre
Elle leur ravit la vie
Elle qui aurait pu les ravir
S’ils avaient été bien vêtus
Bien chauffés bien nourris bien aimés
©Mokhtar El Amraoui in « Nouveaux poèmes »
Mon dessin




Ivre parfum de liberté


Les vases explosent
Ne pouvant plus retenir
Les fleurs aux ailes déployées
Chantant de tous leurs pétales
L’ivre parfum retrouvé
De la liberté
© Mokhtar El Amraoui in « Nouveaux poèmes »
Mon dessin



La sève des lettres

Dans la sève des lettres

il est toujours un souvenir de forêt
les pas d'un promeneur
habitant le chant des feuilles
un scarabée pétrissant lunes et soleils
ouverts sur les reflets d'oiseaux perdus
dans les cages de leur amer silence
©Mokhtar El Amraoui in « Dans le tumulte du labyrinthe»
Mon dessin



Sèves de chants


Les mots en leurs sèves de chants
ressuscitent les chemins des aurores
Ils ouvrent les lettres des accords
qui s’envolent rêveuses
vers le firmament
Et nos ombres refleurissent
comme d’un chant tatoué
de vent brûlant
et de rives d’attente
© Mokhtar El Amraoui
In « Chante, aube, que dansent tes plumes ! »



PASTORALE


Aux piaillements des premières lueurs,
Une seule phrase s’entortille,
Autour du bâton pèlerin,
Pour s’emparer de sa peau de sable,
Berger colmaté de rubans de ciel.
Quand il égrène le souffle des étoiles qui roucoulent,
L’oeil se donne aux nuits du monde,
Jusqu’au bonheur d’une larme qui sourit,
Qui fleurit au bout d’un sein tendu
Vers la gloire de la sève
D’une bouche nourrie aux questions.
© Mokhtar El Amraoui in "Arpèges sur les ailes de mes ans"
Tableau de Claude Lorrain



DANSONS LIBRES !


Bals contre balles
Dansons l’amour et la paix
Car le bonheur de l’humanité
Est la seule vraie gloire
Et non les illusoires victoires
Des mensongères sanguinaires guerres
Soyons tournoyants astres
Rêveurs aux pas d’invincible espoir
Contre les semeurs de désastres
Dansons le fazzani la valse le slow
Le sirtaki la salsa la rumba le flamenco
Et tout autre pas qui élève
Les joies et fêtes de nos corps et coeurs
En multicolores lueurs d’apesanteurs
Vers les sphères hautes et immenses
Des vertiges et transes d’espérance
Pour joindre airs et terre
Pour rejoindre les aigles et leurs aires
Pour faire pousser plein d’ailes et d’étoiles
Partout partout jusqu’aux lointains déserts
Ne l’oublions jamais mères pères
ami-e-s sœurs et frères
La danse libère
© Mokhtar El Amraoui in « Nouveaux poèmes »
Mon dessin