mardi 31 août 2021

CRIE, ÉCRIS TON INDIGNATION !

 

Quel goût a ton pain
Si tant d’autres ont faim ?
Quel sens a ta liberté
Si tant d’innocents sont enchaînés ?
Quelle valeur a ton bonheur
Si tant d’oubliés vivent dans le malheur ?
Tu ne peux chanter ta chance,
En regardant tourner dans l’indifférence,
La roue des souffrances et supplices !
Crie, écris ton indignation contre les injustices !
Tu en deviens l’affreux complice,
Si, dans ton silence, tu l’enterres,
Si, en égoïste, tu préfères la taire !
C’est seulement ainsi qu’on se libère,
Qu’on méritera, tous unis et fiers,
Notre si chère terre !
© Mokhtar El Amraoui
in " Nouveaux poèmes"
Illustration du Net

jeudi 26 août 2021

SÈVES DE CHANTS

Les mots en leurs sèves de chants
ressuscitent les chemins des aurores
Ils ouvrent les lettres des accords
qui s’envolent rêveuses
vers le firmament
Et nos ombres refleurissent
comme d’un chant tatoué
de vent brûlant
et de rives d’attente

© Mokhtar El Amraoui
in « Chante, aube, que dansent tes plumes ! »
Mon dessin




mardi 24 août 2021

MOUETTE, MA MOUETTE !

-Si je te donnais un pinceau, ma mouette,
Qu’en ferais-tu ?
-Je peindrais, avec, un grand soleil radieux
Et des arcs-en-ciel sur tous les cieux !
-Si je te donnais un crayon, ma mouette,
Qu’en ferais-tu ?
-J’écrirais, avec, des chansons pour les enfants,
Je dessinerais, sur les mâts des bateaux,
Les cimes des montagnes là-haut
Et sur les pages des voiles,
Les pas fleuris du printemps avançant,
Avec ses myriades d’étoiles
Gazouillant, à saute-moutons, au firmament !
-Et si je te donnais une gomme, ma mouette,
Qu’en ferais-tu ?
-J’effacerais, avec, les larmes, le sang
Et tous les malheurs
Assombrissant les coeurs
Qui rêvent de bonheur
Sans peur ni soumission !
-Et si je te donnais ce poème, ma mouette,
Qu’en ferais-tu ?
-Je l’avalerais comme un poisson !
© Mokhtar El Amraoui in "Arpèges sur les ailes de mes ans"

Illustration du Net




 

lundi 23 août 2021

LES RADEAUX BLEUS

Il est des heures, Il est des cris,
Il est des jours, Il est des nuits
Où le sang revient à ses rêves de mer,
A ses sèves célestes enfouies,
Pour nous offrir des parchemins
Qui redonnent leurs couleurs
A nos baisers, à nos cœurs, à nos mains
Et, à nos caresses, leurs fruits
De pinceaux en fleurs,
En échos d’appels à nos amours bleuies,
En rouleaux d’immenses cieux
Tantôt joyeux, tantôt meurtris,
Tantôt radieux, tantôt gris
Où se retrouvent les pleurs
Et les rires de nos yeux,
Entre enfer et paradis,
Entre agonie et tableaux bleus,
Radeaux de survie !
Il est des heures, Il est des cris,
Il est des jours, il est des nuits
Où le sang revient à ses rêves de mer,
A ses sèves terrestres enfouies,
Où les couleurs, pour le grand bleu,
De mille feux, rechantent la vie !
© Mokhtar El Amraoui in « Le souffle des ressacs »
Mon dessin





jeudi 19 août 2021

INOUBLIABLE FEDERICO GARCíA LORCA ! ( 5 juin 1898- 19 août 1936)

 A quoi sert-il de vivre,

Si l’on n’est pas libre ?
Pourquoi écrire un poème, un seul vers
S’ils ne cherchent pas le bonheur de tout l’univers ?
Accepter ses chaînes avec les rires
C’est bien pire que mourir!
N’est-ce pas là ta leçon,
Federico Garcia Lorca ?
Fier enfant des cimes en rébellion,
Tu as toute ta vie refusé d’être forçat
Prisonnier des tyrans et de leurs illusions !
Ton verbe tonitruant dressé avec passion,
Dans tes poèmes, contre toute soumission,
Faisait trembler les lâches dictateurs
Qui avaient pour cyniques réponses leurres,
Haine, déraison et folle terreur,
Face à ton cœur offert
Fier sans peur
A leurs balles dards de hideux scorpions
Dont jusqu’à l’heure
Tes poèmes-cris se moquent et rient
Sachant qu’amour, vérité et lumière
Jamais ne meurent !
©Mokhtar El Amraoui in "Nouveaux poèmes"



LE CHEWING-GUM DU YANKEE

 Quand le Yankee en statue crie

Sur ses tanks dans ses aérodromes
Freedom freedom freedom
Liberté droits de l’Homme démocratie
Relis bien son Histoire son album
Le cynisme de sa nouvelle Rome
N’oublie jamais bonhomme
Qu’une fois qu’il t’aura bien mâché
Ils n’hésitera pas à te lâcher
N’ayant aucun regret à te cracher
Tu auras beau l’insulter te fâcher
Il t’enverra paître en professionnel vacher,
Ton adoré cow-boy, crédule naïf boy
Tu n’auras plus que tes larmes pour oublier
De tes ennemis auxquels il promet sa fureur
Et ce n’est pas son moindre leurre
Il deviendra le meilleur allié armé de douceurs
N’oublie jamais bonhomme
Que pour le Yankee auquel tu te lies
Plies fies confies que tu supplies
Freedom freedom freedom
Est juste une marque de chewing-gum
Qu’il mâche mâche mâche puis crache
© Mokhtar El Amraoui in "Nouveaux poèmes"



mardi 17 août 2021

Chaude terre




Lis-tu toutes ces feuilles
qui lentes tourbillonnent
dans la tristesse des oiseaux?
Sauras-tu les chanter ?
Entends-tu
tous ces enfants décharnés
des charniers
appeler à leur secours
leurs mères leurs pères
pour les couvrir
d'un calme ciel étoilé
pour les bercer
des caresses
d'une chaude terre
qui s'endormira
dans leurs traits apaisés ?
©Mokhtar El Amraoui
in « Dans le tumulte du labyrinthe »
Tableau d’Ileana Cerato





samedi 7 août 2021

LES FORGES DE L'OMBRE


Les mélodies des feuilles tournoient
là où le mur au soleil montre ses lézardes
comme les échardes scintillantes des vagues
errant vers leurs mots affamés de caresses
et de mies de lunes offertes
par les chants des oiseaux
Et les calligraphies des fourmis renaissent
du feu des paumes
quand les pages s’ouvrent sur la voix
de leur nocturne blancheur de jasmins
hélas piétinés par l’indifférence pressée
des ingrats des tours du vol
tuant tout envol
©Mokhtar El Amraoui in « Dans le tumulte du labyrinthe»
Illustration du Net