mardi 21 juin 2022

BONNE FÊTE DE LA MUSIQUE À TOUTES ET À TOUS ! LE CHANT DE MON OUD



 BONNE FÊTE DE LA MUSIQUE À TOUTES ET À TOUS !

LE CHANT DE MON OUD
Sauras-tu écouter,
Sur le fil tendu éperdu des heures,
Mon oud fêlé, qui pour toi,
S’habille de mille feux d’oiseaux d’oueds ?
Je te viens, de bien loin, te dire, de mon levant
En courbes, le sang fatigué,
Pourtant, tant enchanté de mon attente,
De mon inextinguible soif
Qui boit à la Seine de tes courbes assoiffées
Et aux galbes dressés de tes seins parfumés
Par tant de désir retenu, détenu
Qui veut exploser et tuer ces inutiles morts lentes !
Pourquoi ne suis-tu pas les pas de nos pas qui nous dansent ?
Ecoute, donc, tout ce bois, toutes ces cordes,
Qui en nous, qui par nous, qui pour nous
Se font chair,
Se font voix,
De nos chairs,
De nos voix,
Voix de nos chairs,
Chairs de nos voix
Et renaissent à leur quintessence,
Sans peines ni souffrances,
De fontaine t’attendant, en stances
Se tendant, s’étendant
En oud, en ses pleurs fous d’incompris, en ses fleurs
S’offrant aux feux de tes lèvres,
A la chaude rosée printanière de tes seins qui ont soif,
Roucoulant à quatre mains tous ces jasmins en éclairs
Si lactés convolant en justes notes égarées
Puis retrouvées en fugues mineures, en fugues majeures égayées
Loin de toute frayeur, reniant les blêmes torpeurs,
En volutes fulminant de cris d’aimer tapageurs
De gémir, de soupirs, de complaintes et de bonheur
Dits dans nos couleurs d’après silences et douleurs,
En fusions enivrées de danseurs !
Ecoute-le, mon oud, prendre en ailes
Tes furtifs sourires d’apeurée
Pour les faire planer
Sur les plus hautes cimes des extases éclatées !
Ris-toi, mais ris-toi, donc, de ces cendres
Qui veulent étouffer les chaudes braises
De ton corps qui brûle dans cette geôle
Qui assassine ta liberté et ses radieux envols !
Ecoute-le, mon oud, mon cœur,
Te chanter en odes, toi qui l’as charmé :
« Ceins tes seins des lauriers de tes trophées
Qui méritent leur chemin de volupté,
Pour laisser fleurir, à jamais, l’or
De ce splendide bonheur,
Le sublime droit d’aimer ! »
© Mokhtar El Amraoui in "Le souffle des ressacs"
Le tableau est de South Hall Joseph Edward



jeudi 16 juin 2022

PARFUM DE COULEURS

 


Pourquoi, humain, ne voudrais-tu être
Que froide et laide nuit
Alors qu’au fond de toi
Le plus beau des printemps gît ?
Laisse-le te chanter tes plus belles couleurs
Et parfumer de tes mains
Le merveilleux cours de tes heures !
Offre-toi donc tes plus beaux jardins
Que tu étouffes de tes propres mains
Qui ne savent plus, assassin,
Que tuer tous les matins,
Tout arbre, toute fleur, sur ton chemin!
Serais-tu donc né, humain,
Pour vivre dans la laideur, dans la puanteur ?
Serait-ce là, inhumain, ton destin ?
© Mokhtar El Amraoui in " Nouveaux poèmes"



dimanche 5 juin 2022

Sang de souvenirs

 

La rose a laissé
les ombres de ses rêves
sur le sable
Des sentiers lactés y sont nés
et son sang rechante de souvenirs

© Mokhtar El Amraoui
in "Chante, aube, que dansent tes plumes!"
Mon dessin



dimanche 29 mai 2022

MÈRE ! MÈRE ! MÈRE !

BONNE FÊTE À TOUTES LES CHÈRES MAMANS!

MÈRE ! MÈRE ! MÈRE !
A chaque berceuse de la mère,
Renaissent toutes les étoiles.
A chacun de ses baisers,
Rient les lèvres parfumées
De toutes les splendides nouvelles fleurs.
A chacun de ses soucis,
De ses soupirs de peur,
Face à la fièvre de son enfant
Inquiet en pleurs,
S’ouvrent tous les murs,
Tremblent les cierges fleurissant
D’un retour de lueurs sûres !
Elles accourent, radieuses lumières,
Répondant, heureuses et belles,
A leur source qui les appelle :
Mère ! Mère! Mère !
Elles lui promettent
De ne plus jamais la quitter
Et, loin du noir froid défait,
Se relève, flamboyant, l’enfant,
Dans les bras en fête de sa chère maman !
Bat le cœur d’un nouveau printemps,
Dans le ciel d’un sein infini de joie,
La chance est là, grâce à elle, encore une fois!
Elle se déploie, couronne fleurie de ses caresses !
Le malheur, de ses détresses,
Ne peut vaincre sa douce cuirasse d’amour.
Chaque nuit, chaque jour,
De toute sa vigilante tendresse,
Elle protège, inlassable lionne,
Son précieux fruit adoré
Qui, sans cesse, rayonne
En ses profondeurs dorées,
Depuis le berceau,
Jusqu’aux lourds soirs
Des trébuchants vieux rameaux !
Elle lui interdit de perdre espoir,
Refusant d’écouter l’horrible heure
Qui, implacable, hélas,
Sonnera, un jour, son départ
Laissant -quel malheur!-
Un horrible gouffre à sa place !
L’inconsolable enfant, à tout âge, toujours
Versera ses larmes amères,
Criera : Mère ! Mère ! Mère !
Rêvant à chaque instant de son retour !
© Mokhtar El Amraoui in « Nouveaux poèmes »



mercredi 11 mai 2022

SUC SORCIER


Si tu étais un arbre, ma bien-aimée,
Tes hautes branches couvriraient le monde entier !
Tu aurais, en couronne, des myriades d’oiseaux égayés,
La rougeur timide qui enflamme le pommier,
Le velours printanier du jeune prunier,
Les yeux rêveurs du farouche amandier,
Les siècles de lutte du vaillant olivier,
Les palmes dansantes du généreux palmier
Qui montrerait à ses dattes comment voler
Vers ta bouche et la désaltérer de leur suc sorcier !
Tous les vergers s’égosilleraient, de toutes leurs allées !
Tous en choeur, ils crieraient, pour t’appeler :
« Viens donc nous éclairer ! »
Si tu étais un arbre, ma bien-aimée,
Tu offrirais tes doux rameaux altiers,
Aux étoiles, aux marcheurs fatigués
Et aux amoureux intrépides enlacés,
Pour, enfin, quiets, s’y reposer !
Si tu étais un arbre, tu serais le premier et le dernier!
Au plus profond de mon coeur, je te planterais
Pour t’avoir à jamais, pour ne plus nous quitter !
© Mokhtar El Amraoui in «Le souffle des ressacs» (2014)




mercredi 4 mai 2022

Baleine à lunes


Palmipède des confins
Tu laisses le poisson rêveur
Venir à son rire
Et la baleine transporteuse de lunes
À ses soupirs.
Sur son dos, elle porte le pianiste des ans
Et un gros champignon de troubadours ventriloques.
Elle leur a aménagé des escaliers
Qui s’envolent jusqu’à Mars
Et des barbes en coquelicots ou tulipes solaires.
Les guillemets du pont se font hirondelles
Et les ongles des bien-aimées rosée de pleine nuit.
Le charbon luisant de profondeur
Etait de la partie,
Quand les lunes sur nappes de dunes
Oubliaient les divisions pour se multiplier
En rendez-vous de bosses,
Caravanes en lits et boutades retenues,
Verbes plongeant dans les océans des dauphins
Et les vastes labours cette année
Ont épargné le hanneton !
Les aisselles des statues déterrées
Sentent un ciel de fin d’été
Qui offre ses ablutions au lac de l’enfance !

© Mokhtar El Amraoui in « Le souffle des ressacs »
Mon dessin








dimanche 1 mai 2022

MAI EN MUGUETS


Bonne fête du travail à toutes et à tous

Mai l’ami des révoltés
Qui refusent les inégalités
Qui pour toutes et tous veulent vérité
Légitimes dignité et parité

Mai l’ami des opprimés
Ton soleil fleuri en poings levés
Chante la vitale liberté
Pour un monde enchanté
Les paumes ouvertes à la paix

Tu nous viens avec tes brassées
De jolis scintillants muguets
Pour fêter ensemble tout gais
Le travail et ses luttes sans désespérer

© Mokhtar El Amraoui le 1er mai 2022