dimanche 10 juillet 2022

BÊLE BEL AMI BÊLE


Poème pour un mouton et un enfant

En soulevant la peau de mouton
Le boucher trouva un enfant endormi
Qui surpris effrayé sursauta
Se mettant à bêler à tout rompre
Criant que c’était bel et bien lui
Le mouton à sacrifier

Il ne cessait de crier ni de bêler
Les reproches de son père
Les caresses de sa mère
Le couteau du boucher
Et sa poigne de fer
Ne purent le calmer
Ni le faire taire

Il remplissait sa bouche de paille
La mâchait la remâchait puis la crachait
S’étouffant à plusieurs reprises
Bêêêêêêê bêêêêêêê bêêêêêêê
Bêêêêêêê bêêêêêêê bêêêêêêê
Répétait-il entêté déterminé
Sautillant tournoyant à quatre pattes
Rien n’y fit le petit garçon bêlait de plus belle

Toute la famille de la terrasse
Vit le vrai mouton décoré de rubans
Courir de toute sa laine
A perdre haleine

Le fugitif bêlait de toutes ses larmes
N’ayant que son amour et sa peine
Pour soutenir son adorable fidèle ami
Le si cher enfant grâce auquel il s’était enfui
Qui refusait de le voir fini
Entre pets rots rôti apéro et méchoui
Comme son cousin de l’an précédent
Qu’il n’avait pu hélas sauver à temps

© Mokhtar El Amraoui le 08 juillet 2022



vendredi 1 juillet 2022

Souvenirs allumés

 

Au feu des feuilles
le temps te poursuit
telle une ombre rêvée
peut-être encore la tienne
Tournoyante ivresse
de rires de sourires et d’appels
comme devant une terre fraîchement labourée
qui offre ses écarts aux promesses des graines
sous un ciel de souvenirs allumés
©Mokhtar El Amraoui
in "Chante, aube, que dansent tes plumes!"
Mon dessin






lundi 27 juin 2022

MIROIRS INFINIS


De chauds rêves frétillent encore
dans le feu de nos doigts
Un reste de lune
Un ressac de caresses
s’élèvent jusqu'aux étoiles
Elles s’étirent
dans leurs jasmins de lumière
Et la barque de nos deux corps
glisse sur l’eau complice
d’un rire aux miroirs infinis
© Mokhtar El Amraoui
in "Chante, aube, que dansent tes plumes!" 2019
Illustration du Net









mardi 21 juin 2022

BONNE FÊTE DE LA MUSIQUE À TOUTES ET À TOUS ! LE CHANT DE MON OUD



 BONNE FÊTE DE LA MUSIQUE À TOUTES ET À TOUS !

LE CHANT DE MON OUD
Sauras-tu écouter,
Sur le fil tendu éperdu des heures,
Mon oud fêlé, qui pour toi,
S’habille de mille feux d’oiseaux d’oueds ?
Je te viens, de bien loin, te dire, de mon levant
En courbes, le sang fatigué,
Pourtant, tant enchanté de mon attente,
De mon inextinguible soif
Qui boit à la Seine de tes courbes assoiffées
Et aux galbes dressés de tes seins parfumés
Par tant de désir retenu, détenu
Qui veut exploser et tuer ces inutiles morts lentes !
Pourquoi ne suis-tu pas les pas de nos pas qui nous dansent ?
Ecoute, donc, tout ce bois, toutes ces cordes,
Qui en nous, qui par nous, qui pour nous
Se font chair,
Se font voix,
De nos chairs,
De nos voix,
Voix de nos chairs,
Chairs de nos voix
Et renaissent à leur quintessence,
Sans peines ni souffrances,
De fontaine t’attendant, en stances
Se tendant, s’étendant
En oud, en ses pleurs fous d’incompris, en ses fleurs
S’offrant aux feux de tes lèvres,
A la chaude rosée printanière de tes seins qui ont soif,
Roucoulant à quatre mains tous ces jasmins en éclairs
Si lactés convolant en justes notes égarées
Puis retrouvées en fugues mineures, en fugues majeures égayées
Loin de toute frayeur, reniant les blêmes torpeurs,
En volutes fulminant de cris d’aimer tapageurs
De gémir, de soupirs, de complaintes et de bonheur
Dits dans nos couleurs d’après silences et douleurs,
En fusions enivrées de danseurs !
Ecoute-le, mon oud, prendre en ailes
Tes furtifs sourires d’apeurée
Pour les faire planer
Sur les plus hautes cimes des extases éclatées !
Ris-toi, mais ris-toi, donc, de ces cendres
Qui veulent étouffer les chaudes braises
De ton corps qui brûle dans cette geôle
Qui assassine ta liberté et ses radieux envols !
Ecoute-le, mon oud, mon cœur,
Te chanter en odes, toi qui l’as charmé :
« Ceins tes seins des lauriers de tes trophées
Qui méritent leur chemin de volupté,
Pour laisser fleurir, à jamais, l’or
De ce splendide bonheur,
Le sublime droit d’aimer ! »
© Mokhtar El Amraoui in "Le souffle des ressacs"
Le tableau est de South Hall Joseph Edward



jeudi 16 juin 2022

PARFUM DE COULEURS

 


Pourquoi, humain, ne voudrais-tu être
Que froide et laide nuit
Alors qu’au fond de toi
Le plus beau des printemps gît ?
Laisse-le te chanter tes plus belles couleurs
Et parfumer de tes mains
Le merveilleux cours de tes heures !
Offre-toi donc tes plus beaux jardins
Que tu étouffes de tes propres mains
Qui ne savent plus, assassin,
Que tuer tous les matins,
Tout arbre, toute fleur, sur ton chemin!
Serais-tu donc né, humain,
Pour vivre dans la laideur, dans la puanteur ?
Serait-ce là, inhumain, ton destin ?
© Mokhtar El Amraoui in " Nouveaux poèmes"



dimanche 5 juin 2022

Sang de souvenirs

 

La rose a laissé
les ombres de ses rêves
sur le sable
Des sentiers lactés y sont nés
et son sang rechante de souvenirs

© Mokhtar El Amraoui
in "Chante, aube, que dansent tes plumes!"
Mon dessin



dimanche 29 mai 2022

MÈRE ! MÈRE ! MÈRE !

BONNE FÊTE À TOUTES LES CHÈRES MAMANS!

MÈRE ! MÈRE ! MÈRE !
A chaque berceuse de la mère,
Renaissent toutes les étoiles.
A chacun de ses baisers,
Rient les lèvres parfumées
De toutes les splendides nouvelles fleurs.
A chacun de ses soucis,
De ses soupirs de peur,
Face à la fièvre de son enfant
Inquiet en pleurs,
S’ouvrent tous les murs,
Tremblent les cierges fleurissant
D’un retour de lueurs sûres !
Elles accourent, radieuses lumières,
Répondant, heureuses et belles,
A leur source qui les appelle :
Mère ! Mère! Mère !
Elles lui promettent
De ne plus jamais la quitter
Et, loin du noir froid défait,
Se relève, flamboyant, l’enfant,
Dans les bras en fête de sa chère maman !
Bat le cœur d’un nouveau printemps,
Dans le ciel d’un sein infini de joie,
La chance est là, grâce à elle, encore une fois!
Elle se déploie, couronne fleurie de ses caresses !
Le malheur, de ses détresses,
Ne peut vaincre sa douce cuirasse d’amour.
Chaque nuit, chaque jour,
De toute sa vigilante tendresse,
Elle protège, inlassable lionne,
Son précieux fruit adoré
Qui, sans cesse, rayonne
En ses profondeurs dorées,
Depuis le berceau,
Jusqu’aux lourds soirs
Des trébuchants vieux rameaux !
Elle lui interdit de perdre espoir,
Refusant d’écouter l’horrible heure
Qui, implacable, hélas,
Sonnera, un jour, son départ
Laissant -quel malheur!-
Un horrible gouffre à sa place !
L’inconsolable enfant, à tout âge, toujours
Versera ses larmes amères,
Criera : Mère ! Mère ! Mère !
Rêvant à chaque instant de son retour !
© Mokhtar El Amraoui in « Nouveaux poèmes »