samedi 26 novembre 2022

Retour à Pangée

 

Je rêve toujours de cet être renaissant

Dans sa si belle toile Pangée

En libre circulation sans grilles ni murs

De séparations d’horizons

Ayant un sang solaire d’étoiles

Libéré des éprouvettes étiquetées

Des doutes et   suspicions

Sans traçabilité de cases d’anthropométrie

De fixation paranauséabonde

Rien qu’orbes de fusions

D’effusions en geysers de couleurs

Sans colères d’arrêts ni rejets

Je rêve d’un papillon qui  retrouve

Ses parfums de fleurs

Loin des épingles des pleurs

Dans les monstrueux labos d’expulsions

Que ses voyages se fassent sans peur

Pour redanser rechanter

La belle et douce Pangée retrouvée

Sans les visages pétrifiés

Des amères létales frontières

 

© Mokhtar El Amraoui in "Nouveaux poèmes" le 11 novembre 2022




samedi 19 novembre 2022

L’ENFANT DES NUÉES



Enfant des nuées
Spectrale est ta demeure
Dans la boue de l'oubli

Tu as pour échos à tes appels
Les perfides épines
Du temps des menteurs
Tueurs de tes rêves
Assassins de tes espoirs

Ils étranglent tes mondes
De leurs costumes de ténèbres
Immondes aux ombres acérées

Enfant dénué
Tu cries ta faim ta soif
D'eau et de lumière
Dans ton sarcophage de calvaires
Où il t’est interdit de vivre et d'aimer

© Mokhtar El Amraoui
in « Nouveaux poèmes » le 20/11/2022



lundi 14 novembre 2022

Confluents d’étoiles


Quand ta lumière se fera mienne
quand ma lumière se fera tienne
quand nos visages se confondront
en confluents d’étoiles
nous survivrons d’amour
Et notre sang nous chantera
les douces mélodies
de tous nos chemins
de futur partagé
©Mokhtar El Amraoui in « Dans le tumulte du labyrinthe »
Illustration du Net




vendredi 21 octobre 2022

Nasses d'automne

 

Au-delà des amers remparts
De l’acerbe doute
Rampent dans leur crépusculaire glu
Les serpents des jours
Ils écrivent en leurs sifflements calligraphes
Un reste d’acides aphones lumières
Que sert encore dans ses fosses l’oubli
Sautillant entre les souvenirs piégés
Qui se débattent dans ses nasses d’automne
Jetées des barques aux traversées sans retour
Grimaçant de leurs éternels sourires
Jusqu’aux aboyantes carnassières rives

© Mokhtar El Amraoui , le 17 octobre 2022
Mon dessin



lundi 17 octobre 2022

L’OISEAU ET LES FRONTIÈRES

 

 

Que de frontières que de barreaux

S’exclame tout étonné l’oiseau

Pourquoi dresser  tant de murs

L’humain ne se sent-il jamais en lieu sûr

 

Pourquoi a-t-il toujours si peur

Des autres qui sont ses frères et sœurs

Que de murs que de cages que de frontières

Privant les cœurs de la lumière salutaire

Qui peut faire régner la paix et l’amour sur terre

 

Que de barrières que de barreaux que de bourreaux

Chante tout indigné tout révolté le libre oiseau

Défiant  vaillant de ses ailes de ses ciels

Les ridicules horribles limites

Que l’Homme justifie par de sanguinaires mythes

Empêchant  notre planète de devenir bien plus belle

 

© Mokhtar El Amraoui in "Nouveaux Poèmes" le 16 octobre 2022




vendredi 7 octobre 2022

CARREAUX


Carreaux noirs
Carreaux blancs
La feuille tournoie
Rêve encore de l’arbre
Qui jamais ne ploie
Une vague se fait entendre
Le ciel porte les linceuls fleuris
qui se déploient
jusqu’au lit d’un nuage
Carreaux rouges
aux feux du vent
©Mokhtar El Amraoui in "Chante, aube, que dansent tes plumes!
Illustration: mon collage



mercredi 5 octobre 2022

LA VIEILLE ET LE VIEUX ABANDONNÉS

 LA VIEILLE ET LE VIEUX ABANDONNÉS

Tous quittent la vieille et le vieux :
Leurs enfants,
Leurs parents,
Leurs amis !
Personne ne les comprend plus,
Quand ils sourient !
Plus personne ne les prend
Au sérieux
Ni dans ses bras
Qui disent tout bas
« Bientôt, bon débarras, horribles vieillots !
Pourvu que ce soit le plus tôt ! »
On pense que c’est une grimace
De limace endolorie,
Quand ces deux malheureux rient !
S’ils appellent,
Pour aller aux nouvelles,
Le téléphone sonne
Mais pour seule réponse effroyable,
Ils reçoivent, interminable,
Le silence qui résonne !
Ça étonne tant d’impitoyables
Cyniques personnes
Que ces lambeaux
Sans flambeaux
Se rappellent encore
Les noms et les numéros !
Tout quitte les deux misérables :
Leur force,
Leurs corps !
Les ports de leurs vieux rêves
Et les bateaux sans trêve
Larguent, narguent
De leurs hautaines sirènes
Ceux qui furent du foyer le roi et la reine
Les abandonnant tout frissonnants sans radeau
Sur les quais trembleurs des froids échos
Sous l’écrasant fardeau des ans et tant de peine
Mais pourquoi donc toute cette haine ?
Les avions, les voyages
Et les aéroports d’un autre âge,
D’avant leur naufrage,
Les quittent, leur tournant le cap
Pour d’autres altitudes,
Vers d’autres latitudes torrides,
Les laissant froids froissés sombrer
Dans la lourde fatigue qui sape
Et les interrogations hébétées
De leurs tristes rides !
Et la mort,
En prédateur des dernières heures,
Agitant ses cercueils et linceuls,
Les sachant seuls,
Les invite à franchir son seuil
Pour qu'elle les cueille
Et jette dans sa fosse à vers voraces
Comme des feuilles sèches et lasses!
Les lourds nuages attristés
Par tant d’ingratitude
Les regardant éplorés
Dans leur tragique solitude
Crachent leurs colère et mépris
Sur ces lâches traîtres maudits
Ces prétendus enfants, parents et amis
Qui cachent sous le miel
De leurs comédies
En d’horribles monstres sans cœurs
Leur joie et l’amer fiel
De leurs mesquineries
Face à tant de douleurs !
Inconsolables, les nuées
Offrent leurs incessants pleurs
A cette vieille et ce vieux dénués
Qui, désespérés, lentement se meurent.
©Mokhtar El Amraoui in «Nouveaux poèmes»

Illustration du Net