en ma qualité d’invité du Club Littéraire « Faw9 Assour » (Sur le rempart) de la Maison de la Culture Cheikh Driss de Bizerte, lors de sa 12ème session dédiée au regretté poète Mnaouar Azizi. Paix à son âme.
1/ Promesse
De mes veines,
Mon ami l’oiseau,
Je te construirai une cage
Sans porte ni barreaux
Où, librement, tu chanteras
Tes chaudes mélodies !
Je t’offrirai de vastes champs fleuris
Arrosés de douces flambées de soleil
Qu’aucune serre de vautour n’effraye
Et tu passeras,
Libre, fier et fort,
Sous l’arc-en-ciel multicolore,
Pour danser, jusqu’à l’aurore,
Sur les rythmes de mes veines-lyres
Qui t’apprendront à rire
De tous les tyrans et de leurs sbires !
©Mokhtar El Amraoui in « Arpèges sur les ailes de mes ans »
2/ Roses des bivouacs
Sauras-tu être ce pont de lumière
Où étincellera l’étoile des amis,
Pour réveiller en chant
Ce feu d’amour qui, sans cesse, en toi, luit
Mais que, toujours, hélas, tu fuis ?
Jette donc cette horrible chaîne de haine
Qui te souille, à la rouille de l’oubli !
Tu ne t’envoleras jamais, ami,
Si tu ne sais qu’être ennemi !
Sauras-tu libérer les roses des bivouacs en rires
Pour laisser les anges de l’aube fertile frémir
Et planter les champs solaires
De milliers d’arbres frères ?
Leurs racines ont soif de danses.
Chante leurs fruits en transe,
Apprends, de leurs longues nuits,
Comment offrir, à la paix, les nids
D’où s’élèveront, radieuses à la vie,
Les sèves des plus belles symphonies.
Ecoute-les dans le vent te libérer, toutes ravies,
Des épines de la haine qui te crucifient !
©Mokhtar El Amraoui in «Le souffle des ressacs»
3/ Ô Mère !
Ô Mère !
Lait toujours ascendant,
Voyageur
Dans mes étoiles nécessaires
Conjuguées aux distances blessées de mon cri !
Ciel de mes yeux, yeux de mon ciel
Recousu de ses blessures larmoyantes
Pour reporter, de ta lymphe triomphante,
Ma folle errance et mes agonies !
Tu es les arbres candélabres
Qui m’éclairent tous ces chemins inextricables
De mes lourdes litanies d’incompris
Trébuchant de tant de chaînes,
Ombre prévenant mon possible aveuglement,
Seins aux aguets pour me rassurer,
Pour m’arracher au plus profond
De mes sauts anéantis
Et me faire renaître, entier,
Dans ton feu jamais brûlant,
M’offrant la juste chaleur
De ces mains des ans
Qui me caressent de leurs attentes,
De ce sang toujours prêt à me reprendre
De mes jours soliloques d’exilé
Sans échos !
© Mokhtar El Amraoui in " Le souffle des ressacs"
4/ Exil
Dans tes yeux,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil.
Toi, qui es né
Loin du pays,
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher.
Dans l’éclat de tes dents serrées,
Mon enfant,
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées,
Nos terres volées,
Nos maisons bombardées,
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers.
Dans le mercure de tes larmes,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil,
L’exil d’un peuple.
© Mokhtar El Amraoui in "Arpèges sur les ailes de mes ans"
5/ Mon amour
La vérité, pour se dire,
Embrasse tes lèvres.
Le soleil, pour briller,
Doit, chaque jour, se lever,
Des rayons de ton ombre.
Les étoiles, en colliers, se bousculent sans nombre,
Pour venir, assoiffées, boire, à ton cou, les coupes de lumière
Sans lesquelles elles ne seraient que constellations sombres.
Quand leurs ailes se déploient,
Les oiseaux imitent ta voix,
Pour chanter mon amour pour toi,
Ses peines et ses joies.
Les dunes, en courbes, s’échinent dans tous les sens,
Pour imiter tes hanches qui, à chaque pas, dansent.
Jalouses de toi, toutes les mers, en colère, divaguent
Et des fléaux de leurs vagues,
Fouettent rageusement les cieux
Qui ont caché, dans l’écrin de tes yeux,
Les diamants les plus précieux.
Et moi, mon amour,
Depuis toujours,
De tous les joyaux de la terre,
C’est ton cœur que je préfère !
© Mokhtar El Amraoui in «Le souffle des ressacs »