samedi 6 novembre 2021

Un généreux bonhomme de neige


Il renaît de sa fonte
Le bonhomme de neige
Il revient tout brûlant
De rêves et d'étincelants désirs
En flocons de rires et sourires
Il offre sans nul soupir
Sa carotte de nez
Au lapin qui a froid
Ses bras branches
Au refugié qui a peur
De voir ses rêves mourir gelés
Son bonnet au loup persécuté
Tremblant de toutes les ruines figées
De ses crocs croulant glacés
Bonhomme comme en manège
Il roule en rigolantes boules
Jusqu’à l’orphelin qui pleure
Pour qu’il assomme avec tout fier
L’affreux sec et froid désespoir
© Mokhtar El Amraoui
in « Nouveaux poèmes » Le 6/11/2021



jeudi 4 novembre 2021

FEU DE VIE

 

Poème bleu fenêtre,
Poème rouge fruit
Qui s'envole du rire argenté de la lune
Vers nos lèvres assoiffées d'étoiles
Et de glissantes caresses infinies,
Comme d'un bateau d'amour
Et de rêves d'où on ne cesse de s'appeler.
Poème attentes de jours et de nuits
Qui ouvrent le miroir ailé d'un cri,
Qui renaît feu d'amour,
Feu de toujours,
Feu de vie !
©Mokhtar El Amraoui in «Le souffle des ressacs»
Mon dessin




dimanche 24 octobre 2021

IL PLEUT, MON SOLEIL !


Ecoute cette pluie ! Regarde-la, elle luit !
Elle nous invite à y peindre un soleil
Gros d’amour comme nos deux cœurs
Qui s’éveillent, tonnants labours d’eau, de sueur,
En sillons de mots, en caresses de lueurs,
Pour qu’éclosent de joies toutes nos fleurs !
Sur leurs rires argentés mouillés sans pleurs,
De tous leurs traits de rideaux d’eaux,
Crissent, en frémissantes feuilles et peaux,
Les fièvres ivres de nos douces fureurs !
Elles nous tombent dessus, trombes de joueurs,
Pour nous parfumer, loin de toute douleur,
Pour nous arroser, pour nous enlever, en chœur,
Vers les promesses de leurs fluviales hauteurs !
Ecoute-la, cette pluie ! Regarde-la, elle luit,
Pour assoiffer d’amour le soleil de nos deux cœurs !
© Mokhtar El Amraoui in "Le souffle des ressacs"

Illustration du Net



mercredi 20 octobre 2021

CALLIGRAPHIE

 

Cils O fleurs de printemps jaunes
Enfant P du peintre aux V papillons sonores.
K foetus embaumé de vides râlant du brûlant vrai,
Cachots des nombrils.
Ventre I de la fièvre sans âges aux paumes frisées.
X ma connaissance en gestations dans les continents de l’amorphe.
Y son pas de prothèse scintillant sous les crachats du néon cravaté.
W ma perte dans le voyage de ton sein de boue rose,
Estampes des délires tintants.
A retour à la racine effritée, pollen sans mâts.
Je t’aime H humaine, en mesures dévoilées, transgressions
D’absurdes interdits !
Interdite ma soif dans les temples de leurs censures hygiénistes !
Interdite, ma lucidité aux yeux de marguerite !
F clés bleues des inaudibles fusions avec notre histoire future.
M appels des miroirs qui m’aspirent
dans la dimension de ton absence.
O pétale mon oreille qui fond dans la majorité de ce do mineur
Cognant contre les parois tenaces de mon essence de carbone.
V fièvre du phare grelottant sous les chaînes d’étoiles.
T cette fuite tenace de la couleur entêtée,
Suicide du peintre dans son rouge qui ne noircissait pas !
F bardes échevelés aveugles et barbus
Qui tentent vainement mais rageusement de la recréer,
La couleur sonore, aux vertigineuses saisons,
A ces preux qui donnent leurs vies aux roulis du temps,
A ces fous aux mèches absentes broyés
Sous la marche implacable du vent,
A ces feux vénérés dans les temples de l’inachevé !
Inachevée cette toile vile vide et froide,
Sous les rayons implacables du soleil
Et cette symphonie toujours dépassée
par le cricri du grillon !
Ha ! Ha ! la rage du pinceau
qui s’arrache les moustaches
De n’avoir pas su arracher les étoiles !
Ha ! Ha ! ce peintre saoul qui prépare, à l’aube,
La palette du crépuscule !
AZ, ZA éternel retour à la gomme,
A la virginité immaculée de la feuille
Qui ne sent pas passer, sur sa peau,
le poids des lettres,
Le lourd souffle titubant des êtres !
© Mokhtar El Amraoui in « Arpèges sur les ailes de mes ans »



LE JOUR DE NOS MAINS


Laisse la courbe dire
Son chemin d’évanescence,
Son parcours de fumée en danse
Reprenant l’appel de tes vagues
Et le pré dormir dans l’oeil réveillé du chemin.
Il rossignolera nos rêves
Au gré des lunes et vents
Comme autant de pétales
Réchauffés par le jour de nos mains !
©Mokhtar El Amraoui in " Le souffle des ressacs"
Musique de cithare indienne
Illustration du Net




jeudi 14 octobre 2021

LECTURES « SUR LE REMPART


Me voici, le 9 octobre 2021, lisant mes poèmes «Ô mère!»
«Mon amour» «Exil» « Promesse » et «Roses des bivouacs »,
en ma qualité d’invité du Club Littéraire « Faw9 Assour » (Sur le rempart) de la Maison de la Culture Cheikh Driss de Bizerte, lors de sa 12ème session dédiée au regretté poète Mnaouar Azizi. Paix à son âme.

Voici mes poèmes que j’ai lus :

1/ Promesse

De mes veines,
Mon ami l’oiseau,
Je te construirai une cage
Sans porte ni barreaux
Où, librement, tu chanteras
Tes chaudes mélodies !
Je t’offrirai de vastes champs fleuris
Arrosés de douces flambées de soleil
Qu’aucune serre de vautour n’effraye
Et tu passeras,
Libre, fier et fort,
Sous l’arc-en-ciel multicolore,
Pour danser, jusqu’à l’aurore,
Sur les rythmes de mes veines-lyres
Qui t’apprendront à rire
De tous les tyrans et de leurs sbires !
©Mokhtar El Amraoui in « Arpèges sur les ailes de mes ans »

2/ Roses des bivouacs

Sauras-tu être ce pont de lumière
Où étincellera l’étoile des amis,
Pour réveiller en chant
Ce feu d’amour qui, sans cesse, en toi, luit
Mais que, toujours, hélas, tu fuis ?
Jette donc cette horrible chaîne de haine
Qui te souille, à la rouille de l’oubli !
Tu ne t’envoleras jamais, ami,
Si tu ne sais qu’être ennemi !
Sauras-tu libérer les roses des bivouacs en rires
Pour laisser les anges de l’aube fertile frémir
Et planter les champs solaires
De milliers d’arbres frères ?
Leurs racines ont soif de danses.
Chante leurs fruits en transe,
Apprends, de leurs longues nuits,
Comment offrir, à la paix, les nids
D’où s’élèveront, radieuses à la vie,
Les sèves des plus belles symphonies.
Ecoute-les dans le vent te libérer, toutes ravies,
Des épines de la haine qui te crucifient !

©Mokhtar El Amraoui in «Le souffle des ressacs»

3/ Ô Mère !

Ô Mère !
Lait toujours ascendant,
Voyageur
Dans mes étoiles nécessaires
Conjuguées aux distances blessées de mon cri !
Ciel de mes yeux, yeux de mon ciel
Recousu de ses blessures larmoyantes
Pour reporter, de ta lymphe triomphante,
Ma folle errance et mes agonies !
Tu es les arbres candélabres
Qui m’éclairent tous ces chemins inextricables
De mes lourdes litanies d’incompris
Trébuchant de tant de chaînes,
Ombre prévenant mon possible aveuglement,
Seins aux aguets pour me rassurer,
Pour m’arracher au plus profond
De mes sauts anéantis
Et me faire renaître, entier,
Dans ton feu jamais brûlant,
M’offrant la juste chaleur
De ces mains des ans
Qui me caressent de leurs attentes,
De ce sang toujours prêt à me reprendre
De mes jours soliloques d’exilé
Sans échos !
© Mokhtar El Amraoui in " Le souffle des ressacs"

4/ Exil

Dans tes yeux,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil.
Toi, qui es né
Loin du pays,
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher.
Dans l’éclat de tes dents serrées,
Mon enfant,
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées,
Nos terres volées,
Nos maisons bombardées,
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers.
Dans le mercure de tes larmes,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil,
L’exil d’un peuple.

© Mokhtar El Amraoui in "Arpèges sur les ailes de mes ans"

5/ Mon amour

La vérité, pour se dire,
Embrasse tes lèvres.
Le soleil, pour briller,
Doit, chaque jour, se lever,
Des rayons de ton ombre.
Les étoiles, en colliers, se bousculent sans nombre,
Pour venir, assoiffées, boire, à ton cou, les coupes de lumière
Sans lesquelles elles ne seraient que constellations sombres.
Quand leurs ailes se déploient,
Les oiseaux imitent ta voix,
Pour chanter mon amour pour toi,
Ses peines et ses joies.
Les dunes, en courbes, s’échinent dans tous les sens,
Pour imiter tes hanches qui, à chaque pas, dansent.
Jalouses de toi, toutes les mers, en colère, divaguent
Et des fléaux de leurs vagues,
Fouettent rageusement les cieux
Qui ont caché, dans l’écrin de tes yeux,
Les diamants les plus précieux.
Et moi, mon amour,
Depuis toujours,
De tous les joyaux de la terre,
C’est ton cœur que je préfère !

© Mokhtar El Amraoui in «Le souffle des ressacs »

 

 

 

 










dimanche 3 octobre 2021

L’épi du voyage


Une fourmi peut te faire sortir du labyrinthe
Un duvet peut te montrer
le chemin secret des oiseaux
et leurs chants d’étoiles
Un grain de sable sait
de sa mémoire de miroir
te rappeler à l'immensité
du rire du désert
L'embrun vient toujours
aux noces des vagues
quand l'archet lunaire remue l'épi du voyage
quand le chien aboie de fleurs
d'avoir retrouvé la main chaude de son ami !
© Mokhtar El Amraoui in "Dans le tumulte du labyrinthe"

Tableau d'André Masson