BONNE JOURNÉE MONDIALE DU LIVRE ET DU DROIT D'AUTEUR    
Me voici, dans ma chère inoubliable école maternelle et primaire Saliceti, actuelle École Préparatoire  Pasteur,  dans ma ville natale Mateur, lisant trois de mes poèmes: "Ma première école", "Le livre" et "Exil".
I/ MA PREMIERE ECOLE 
A toutes ces étoiles 
Que j’ai vues naître 
Dans les cris des ardoises 
Et le ciel des fenêtres, 
Aux premiers oiseaux vêtus d’alphabet 
Qui gazouillaient, libres, de tant d'échos liés, 
Dans la cage émerveillée des ailes 
De mes vertèbres égayées de nouvel écolier, 
A tous ces rêves de craie 
Qui encensent encore mes chemins 
De leurs parfums qui ont appris à mes mains 
A épeler les continents, les fleurs, le thym et le romarin, 
A appeler les paysans, les marins et tant d’étranges jardins 
Qui s’étiraient dans mes rêves et se réveillaient en dessins 
S’offrant, au petit matin, tout malins, à mes yeux de poussin 
Qui conjuguait ses lourds lacets étourdis, ses souliers et son destin 
Au passé, au présent et, rêveur, à tous les lendemains 
Des jeux, avant les yeux sévères des premiers examens, 
A tous ces premiers chants, 
A toutes ces premières danses, 
A tous ces premiers chiffres, 
A toutes ces premières lettres 
Qui tapisseront de leurs corolles, 
A tout jamais, mon être, 
A ma première école, 
A vous tous, 
Mon cher directeur, 
Mes chères institutrices, mes chers instituteurs, 
Je promets que je vous porterai, chaque jour, 
Dans le cartable ailé de mon cœur 
Et le tablier doré de toutes les heures 
Qu’il me restera à lire 
Dans le mystérieux livre 
Des heurs et douleurs 
Que j'aurai encore à vivre, 
Qu'il me faudra encore écrire 
Comme tous ces cahiers mouillés 
De mes rires et pleurs 
A vous tous, 
J'offre mille et un encriers 
Chahutant en rangs serrés, 
Explosant en taches d'inoubliables fleurs! 
© Mokhtar El Amraoui in "Le souffle des ressacs" 
II/ LE LIVRE
Qu'il soit celui des morts
Ou celui des vivants,
Le livre t'ouvre ses immenses ailes au firmament!
Il t'invite au voyage,
De port en port,
De page en plage,
De plage en page,
De ville en village,
De visages en paysages
Et ne te laisse jamais livré à ton triste sort!
Il a tellement de secrets à te confier, avant ta mort,
Qu'il te rendra, pour l'accepter, bien plus fort!
C'est dans l'océan de ses mots
Qu'il te convie à renouveler ta peau,
A surmonter tes peines et tes maux,
A alléger tous tes fardeaux!
Dense, le livre te fait frémir,
Danser, pleurer et rire.
De l'Homme, il te révèle le meilleur, tout comme le pire,
Ce qui l'égaie et ce qui le fait souffrir!
Si tu veux, tout cela, découvrir,
Je te conseille, ami(e), de lire!
© Mokhtar El Amraoui  in « Le souffle des ressacs »
III/ EXIL
Dans tes yeux,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil.
Toi, qui es né
Loin du pays,
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher.
Dans l’éclat de tes dents serrées,
Mon enfant,
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées,
Nos terres volées,
Nos maisons bombardées,
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers.
Dans le mercure de tes larmes,
Mon enfant,
J’ai lu l’exil,
L’exil d’un peuple.
© Mokhtar El Amraoui in "Arpèges sur les ailes de mes ans"
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